Choeurs complices

Pour son dernier concert, le festival des choeurs de Niedermorschwihr a reçu un ensemble parisien de spirituals : le Voices Choeur International.

Pour son dernier concert, dimanche, les amis du clocher vrillé de Niedermorschwihr ont délocalisé le 10e festival des choeurs à Bennwihr. Dans le décor minimaliste de cette église contemporaine, les quelque cinquante chanteurs du « Voices Choeur International » ont pris possession des lieux, et du coeur de leurs auditeurs qui étaient près de 400. Ce concert avait demandé pas mal de bonne volonté des organisateurs puisque les choristes, presque tous amateurs, ont été logés chez l’habitant. La complicité était grande : pour preuve, le premier chant a été dédié à un certain petit Timothée : le petit-fils de l’organisateur Christophe Meyer, né dans la nuit.

O Freedom

Les spirituals du répertoire de l’ensemble sont issus des chants que chantaient les esclaves noirs dans les champs ou en famille, pendant une période qui a duré des débuts de l’Amérique à l’abolition de l’esclavage au milieu du XIXe siècle. Ces chants ont donné ensuite naissance au jazz et au gospel. Bonnie Woolley, Américaine à l’origine du groupe Voices Choeur International qu’elle a créé il y a quatorze ans, a donné ces explications, tout au long du concert. Au milieu de la deuxième partie de concert, elle a fait monter des membres du public sur la scène pour les mêler aux choristes pour chanter O Freedom. Tout le monde a participé, avec entrain et même le maire de Bennwihr est monté parmi les chanteurs. Convaincu de l’importance de ce type d’échange, Bonnie Woolley explique : « Je suis tellement convaincue que la musique de qualité ne doit pas être réservée aux professionnels », avant d’ajouter : « c’est ma politique » !

Le groupe est composé de gens de toutes les nationalités dont la plupart sont amateurs. Le répertoire est prévu pour mettre les plus doués en avant, comme Rhonwen Derbez, d’origine canadienne, dont la voix impressionnante a fait frissonner le public dans Ride on, King Jesus. Le concert s’est achevé sur deux bis, réclamés à grands renforts d’applaudissements par le public. Un gospel a permis au public de participer en battant la mesure dans les mains, à la manière des célébrations religieuses dans les communautés afro-américaines. Les choristes se sont ensuite précipités dans le bus pour repartir vers Paris, ravis de leur séjour alsacien, et laissant un grand souvenir aux mélomanes.

Marie Balthazard
L’Alsace