Ciselés à quatre voix, par des mélopées, des montées vertigineuses, des échappées stridentes de solistes, des psalmodies murmurées, ils ont fait passer sur l’auditoire tantôt le souffle lourd de l’esclavage, tantôt une idée de la sérénité.
Hier, 45 choristes du chœur international “Voices” ont enchanté les 350 auditeurs venus à l’église St. Laurent. Le premier concert de la saison d’Arts et musique en Baugeois affirme son excellence.
Les organisateurs du concert, Guy Bordas en première loge, étaient un peu fébriles hier. Avec une centaine de places réservées, l’association Arts et musique en Baugeois allait-elle pour sa deuxième saison tenir les promesses de la première et remplir l’église pour ce concert d’ouverture?
Le doute s’est vite dissipé: à 16 heures, 350 auditeurs avaient pris place dans l’église pour écouter le chœur international “Voices”. Parmi eux, Guy Delépine et Pierre Gulbert signalent leur intérêt pour l’action culturelle que mène avec passion, depuis deux ans, une poignée de bénévoles. Leur volonté farouche de rendre accessibles à tout public des musiques de grande qualité est “payante”, puisque la venue d’un chœur de très haut niveau se fait sans incidence sur le prix des places qui plafonne à 30 F!
Espérance
L’espérance portée par les negro spirituals a guidé de bout en bout un “spectacle” conduit par les talents multiples et la présence chaleureuse de Bonnie Woolley. Tour à tour présentatrice, commentatrice, chef de chœur, soliste et choriste, elle a, dans un français impeccable agrémenté de notes d’humour, donné le ton avant chaque morceau, livrant à l’auditoire toutes les clés nécessaires. “Les negro spirituals sont par nature des chants qui mêlent tristesse et joie, mais l’espoir triomphe toujours, puisque les esclaves noirs avaient foi en un au-delà meilleur”, a-t-elle expliqué.
Ces chants empruntent leurs paroles à l’Ancien ou au nouveau Testament,. Ils font revivre tout un patrimoine noir ancien. C’est là la différence avec les gospels, dont les inspirations sont beaucoup plus récentes”, a dit encore Bonnie Woolley.
Exercice à 4 voix pour le public
Anglophones et francophones mêlés, les quarante-cinq choristes français, américains, anglais, néo-zélandais, australiens, québécois ont suivi avec cœur leur chef dans une remontée aux sources qu’ils ont livrée avec un bonheur communicatif. Au point de faire claquer le public dans les doigts, de lui faire marquer le tempo des pieds ou des mains et même de lui proposer tout de go un exercice à quatre voix dont il s’est tiré avec beaucoup d’honneur!
Le chœur a interprété une vingtaine de chants à l’adresse du Seigneur, du Dieu sauveur, de l’Esprit saint, dénonçant la dureté du labeur ou louant le bonheur d’être en vie. Ciselés à quatre voix, par des mélopées, des montées vertigineuses, des échappées stridentes de solistes, des psalmodies murmurées, ils ont fait passer sur l’auditoire tantôt le souffle lourd de l’esclavage, tantôt une idée de la sérénité. Les voix de plusieurs solistes se sont détachées tour à tour pour moduler une énergie retenue, piochée au plus profond du corps. L’auditoire, tout miel, semblait un champ de canne à sucre…
Antoinette Masteau
Presse régionale baugeoise