
A Niedermorschwihr, c’est presque un lieu commun de dire que l’église était occupée jusqu’à la derniére place. Et voilà cinq ans que cela dure. Ou plutôt cinq festivals. Des festivals qui ont vu s’écrire des belles pages, certaines enluminées de lettres d’or. Ainsi, celle de ce dimanche 23 novembre, avec la venue – tout exprès depuis la région parisienne – du choeur international «Voices», un choeur en or, avec des voix, à faire rêver. Des voix au service d’un répertoire de musique vocale d’Amérique du Nord, afro-américaine dans tout ce qu’elle révèle de sensibilité, de nostalgie, d’émotion, de beauté.
Ce concert, dernier d’un festival qui a largement tenu ses promesses, a permis au public de découvrir une formation hors du commun, qui réunit une cinquantaine de choristes – femmes et hommes – de plusieurs nationalités et de différentes confessions. Une formation qui se présente dans une tenue dont l’austérité est très vite oubliée, tant il est vrai que dès les premières notes, la flamboyance des voix s’affirme tel un véritable acte de foi. Ce fut un concert dans sa meilleure tradition du négro-spiritual et du jazz, même si – et c’est très bien ainsi – l’incontournable «O when the saints» ne figurait pas au programme de cette soirée riche d’une quinzaine de chansons. Toutes furent frappées du sceau de la pureté, de la plénitude et d’une remarquable justesse d’interprétation, fruit d’un travail passionné sous la direction d’une Bonnie Woolley qui ne se contente pas de diriger avec des mains, mais qui, avec ses choristes, vibre corps et âme, au son de la joie et de la fête. Avec «Voices», tout est fête. De la première à la dernière note.
Mais voilà! Toute chose a une fin et les rappels n’y ont rien changé. «Voices» s’en est retourné en Ile de France, vers de nouveaux succès et si l’église Saint-Gall a à nouveau retrouvé sa quiétude automnale, son clocher vrillé vibre encore des derniers applaudissements qui, est-il besoin de le souligner, témoignent de l’ovation qui a salué une prestation en tous points remarquable, le célèbre «Glory, glory alleluia» notamment, a vu l’auditoire se lever pour participer à la fête et laisser éclater sa joie. Une page est tournée! Et quelle belle page! Rendez-vous en novembre prochain, bien sûr!
P.L., L’Alsace